Conseil Régional : la majorité fragilisée, le Rassemblement National seule opposition crédible.

Le budget de la Région Centre-Val de Loire représente près d’un milliard et demi d’euros, plus de 3 fois celui de Tours Métropole. Pourtant la presse régionale n’y consacre que quelques lignes, et impossible de trouver un compte-rendu complet de la dernière session, qui s’est tenue le 17 octobre.

Une session pourtant riche en enseignements et qui portait entre autres sur les orientations budgétaires pour 2020, dernière année pleine de la mandature.

Et d’abord une décision modificative au budget 2019, d’un faible montant et sans grand enjeu, mais Guillaume PELTIER en profite pour aborder… la polémique sur le voile islamique, en critiquant les « invectives publiques » et en renvoyant dos à dos « les extrémistes ».

Michel CHASSIER lui a répondu en précisant qu’il n’y avait eu en l’occurrence aucune « invective publique », que notre élu Julien ODOUL en Bourgogne Franche-Comté s’était adressé uniquement à la Présidente de Région, et que la dénonciation du voile ne relevait pas de l’extrémisme puisqu’elle est partagée par Jean-Michel BLANQUER et soutenue par une large majorité de Français.

Sur les orientations budgétaires, étrangement, Guillaume PELTIER n’avait rien à dire et il a renoncé à s’exprimer, provoquant l’ironie de Jean-Patrick GILLES (PS). Vexé le président du groupe UDC se voit un peu forcé de reprendre la parole, mais sans vraiment aborder le fond du sujet.

Au contraire, au nom du groupe RN, Michel CHASSIER a évoqué les enjeux de ces orientations, dans un contexte d’instabilité institutionnelle, de croissance faible et de contraintes budgétaires. Ensuite Ludovic MARCHETTI est intervenu sur les aspects plus techniques et Nadine BOISGERAULT sur la question de l’apprentissage, compétence retirée à la Région en 2020.

Sur le Plan Régional de Prévention et de Gestion des Déchets c’est Gilles GODEFROY qui est intervenu en ironisant sur le simulacre de démocratie participative mis en place pour la préparation de ce document, avec un « panel » de 30 citoyens pilotés par les politiques et les experts, tandis que les élus d’opposition n’étaient même pas associés ! Il craint aussi que ce plan se limité à décliner de bonnes intentions, car la Région n’a pas les compétences opérationnelles ni les budgets. Il rappelle qu’avant de réduire de 10% les déchets du BTP, il faudrait d’abord mettre en place le maillage les points de collecte. Avec quels moyens ?

Au sujet de l’exonération partielle de la taxe sur les cartes grises pour certains véhicules dits « propres », Stanislas de LA RUFFIE demande si les véhicules électriques peuvent encore être considérés comme tels, et remarque qu’elles sont coûteuses et plutôt destinées à un usage urbain.

Notre groupe a donc déposé un amendement proposant une diminution globale de la taxe quelque soit le type de véhicules, pour l’abaisser de 49,80 à 44 €, soit le tarif en place au début de la mandature. L’amendement est rejeté par la majorité PS-Ecologistes sur des arguments budgétaires, mais en « off » plusieurs nous ont confié que nous avions raison sur le fond. Prétendant faire de la surenchère sur les écologistes, le groupe UDC demande quant à lui une exonération de 100% pour les véhicules « propres ».

Deuxième amendement sur la TICPE « Grenelle », où, comme en 2018, Gilles GODEFROY demande une diminution de 20% afin de limiter les effets du prix des carburants pour nos concitoyens les plus fragiles. Cette fois le groupe de Guillaume PELTIER est bien obligé de voter pour, mais la majorité le rejette à nouveau.

Dernier sujet à l’ordre du jour, le rapport de la Chambre régionale des comptes, qui est commenté par Michel CHASSIER, là encore le groupe UDC n’a rien à dire.

Enfin, la séance se termine traditionnellement par l’examen des vœux présentés par les différents groupes, le RN en présentait deux : le premier présenté par Véronique PEAN pour exprimer l’opposition de la Région à la privatisation d’Aéroports de Paris, vœu rejeté après de multiples contorsions par les socialistes et les écologistes, en contradiction avec leur position au niveau national. Le second soutenu par Jean-René COUEILLE avec un exposé des motifs détaillé et argumenté, demandait à la Région de ne plus soutenir le développement de l’éolien. La majorité a voté contre, l’UDC a préféré s’abstenir.

Les élus Rassemblement National ont donc une fois encore été présents sur tous les dossiers et au-delà des divergences d’opinion, chacun a pu constater le sérieux de leurs analayses et de leurs propositions.

On a bien senti par contre les hésitations et les atermoiements du groupe UDC sur de nombreux sujets, avec un président de groupe qui cherche surtout à faire de la communication, mais au final sans convaincre tellement certaines de ses positions deviennent incompréhensibles.

Quant à la majorité elle est toujours aussi fragile depuis la défection de deux élus, à tel point qu’un décompte des voix a dû être demandé sur le vote d’un amendement. Cela va nécessiter encore des négociations discrètes avant le vote du budget 2020.